Des courtiers influents du monde de l’art à l’image de Larry Gagosian et du conseiller Sandy Heller seront bientôt appelés à témoigner dans un procès intenté par le Russe Dmitri Rybolovlev contre la maison de vente aux enchères Sotheby’s. Le procès, qui se déroule à New York, pourrait potentiellement exposer les détails des pratiques tortueuses et souvent spéculatives de l’évaluation des œuvres d’art.

Rybolovlev allègue que Sotheby’s a conspiré avec un art advisor pour soutirer au milliardaire des centaines de millions de dollars dans différentes transactions. Dmitri Rybolovlev avait engagé le conseiller artistique suisse Yves Bouvier pour l’aider à acquérir des chefs-d’œuvre célèbres afin de remplir plusieurs des nombreuses villas de Rybolovlev. Les registres indiquent que Sotheby’s a vendu à Bouvier des œuvres d’artistes de premier plan tels que Léonard de Vinci, Amadeo Modigliani et René Magritte, que Bouvier a ensuite rapidement revendues à Rybolovlev à un prix gonflé. L’exemple le plus médiatisé est la vente privée par Sotheby’s du Salvator Mundi de de Vinci (c.1500) à Yves Bouvier pour 83 millions de dollars qui l’a lui-même revendu à Dmitry Rybolovlev pour 127,5 millions de dollars. Bien sûr, Bouvier a également facturé une commission supplémentaire de 2 % au passage pour ses services de conseil.

Dmitri Rybolovlev affirme que Sotheby’s savait dès le départ que Bouvier allait revendre les œuvres et a volontairement offert des évaluations gonflées au Russe pour soutenir le prix proposé. Même si le procès révèle que Sotheby’s a fourni des évaluations justifiant la valeur de revente des œuvres, il est difficile de savoir s’ils ont de ce fait commis une faute. De telles méthodes d’arbitrage sont courants sur le marché de l’art, où des biens sans valeur établie sont régulièrement vendus avec des majorations exorbitantes basées entièrement sur le goût, le désir et l’expertise de l’acheteur… ou leur absence.